Pour prendre l’exemple d’une planche, comme je le disais, je fais d’abord de petits croquis à côté de chaque description du scénario, case par case. C’est quelque chose de vite fait, pour me donner un premier visuel où je ne tiens compte que de la description de la case. Ensuite je fais un mini-plan de la page, juste pour placer les cases, sans dessins. Là, je suis à l’étape du découpage et je dispose à l’œil, toutes les cases en pensant à mettre celles qui ont un rapport sur la même ligne, si c’est possible.
L’idée est de créer des lignes de force entre les cases, que les placements de personnages soient cohérents d’une case à l’autre, que les personnages soient au bon endroit et qu’ils ne passent pas de gauche à droite en permanence. Un peu comme au cinéma, l’acteur qui parle à gauche reste à gauche et donc, celui de droite reste à droite. Ce n’est pas toujours évident, mais en général ça fonctionne. En tous cas, je cherche à ce que ça fonctionne. En bref, je construit toute les mises en scène de mes pages avec des petits croquis très brouillons, mais clairs !
Je respecte en général mes découpages, mais il peut arriver que je fasse des modifications en court de route, parce que je trouve que ça manque de clarté, par exemple. Une bonne mise en scène permet à ce que la lecture soit fluide et claire au premier coup d’œil. C’est le plus important : la fluidité de la lecture.
Après ses études difficiles et ses nombreuses références de qualité on pouvait s’attendre à une production intéressante, et là, Alain Henriet nous offre une œuvre exceptionnellement magnifique. La recherche documentaire, le scénario et le trait incroyablement pur font des albums d’Alain Henriet de véritables coups de cœur à ne pas manquer.