Lectures Hebdomadaires

La bande dessinée, c'est tout !

« Le processus créatif résulte toujours
d’un emboîtement spontané
qu’on reconstruit après coup.
 »
Frédérik Peeters

Hermann : l’auteur de Jeremiah au 41ème F.I.B.D.

Le « processus de création » en bande dessinée est toujours au centre de mes interrogations. Beaucoup de temps s’est écoulé depuis ma première interview, depuis mon premier FIBD, et encore plus depuis ma première rencontre avec Hermann.

J’ai croisé cet auteur pour la première fois au 6ème festival Bulles en Drôme, en 2006 à Eurre : c’était il y a bientôt dix ans… Je l’ai retrouvé au 41ème FIBD d’Angoulême, le 1er février 2014, au stand du Lombard où nous avons discuté une bonne demi-heure. Sa personnalité bien trempée nous a permis d’avancer un peu et de mieux comprendre ce que veut dire créer.

2014_02_01 - Hermann Huppen n°1

Hermann au 41ème F.I.B.D. au stand Le Lombard

Adrien Vinay : Bonjour M. Huppens, pour commencer j’ai une question assez large : pourriez-vous me faire un petit résumé de votre parcours ?

Hermann Huppen : Au départ,j’étais dessinateur en architecture et en décoration d’intérieur. Puis j’ai rencontré ma femme, son frère était mêlé au monde de l’édition. Il a trouvé que j’avais une « certaine patte » disait-il, et il s’est demandé « pourquoi ne ferai-je pas de bande dessinée » ? Il m’a concocté un petit scénario qui est paru dans un journal scout1. Le scénariste Greg2 a remarqué ce court récit et il a trouvé que j’avais les qualités pour aborder le métier et y entrer : même s’il y avait plein des défauts, il y avait beaucoup de force… C’est comme ça que j’ai intégré le studio Greg3. À partir de là – et après quelques problèmes, parce qu’il avait son caractère – nous avons commencé Bernard Prince4, à titre d’essai et ça a mordu tout de suite. Après il y a eu, disons, l’amplification de Bernard Prince et la création de la série western Comanche5. À ce moment-là, ce n’était plus une route, c’était une autoroute ! Bon, j’ai fait des petites choses qui ne sont pas très intéressantes, comme Jugurtha6, mais bon, je préfère oublier… J’ai ensuite quitté Greg, j’ai arrêté Bernard Prince et je me suis mis à dessiner mes propres histoires, donc Jeremiah7 et les histoires du Moyen-Âge, Les Tours de Bois-Maury8. Cette série existe toujours, mais évidemment, au fil du temps, je me suis mis à faire des one-shot. C’est aussi parce que les albums ponctuels sont devenus une certaine mode, toutes les maisons d’édition en publient aujourd’hui. Je crois que c’est très sain, ça permet au dessinateur emprisonné dans sa série d’un peu « écarter les coudes », de se sentir à l’aise. Il peut choisir les thèmes, les maisons d’édition ne vont pas lui imposer de thème, à moins qu’il se mette à exagérer, à inventer n’importe quoi, mais ce n’est pas ce qui se passe.

À tout hasard, pour ce qui est du festival, j’étais au numéro zéro, à l’essai. Les organisateurs du festival, Francis Groux et Jean Mardikian ont créé l’évènement9. J’ai fréquenté le festival jusqu’à la septième édition, après c’était fatigant, les TGV n’existaient pas, c’était toute une journée… La dernière fois que je suis venu c’était il y a dix-huit ans. Maintenant on voudrait que je recommence à me montrer plus souvent. Mais c’est un grand festival, il y a la foule, se déplacer c’est impossible, c’est fatigant nerveusement… Le festival d’Angoulême doit exister, c’est très bien, mais dans les petits festivals on respire, il y a moins de monde, moins d’auteurs, on rencontre d’avantage les gens, il a plus de convivialité. Ici c’est un peu une usine, une bonne usine, mais quand même… On verra si je suis amené à revenir plus souvent…

Au niveau de votre travail, pourriez-vous m’exposer la manière dont vous construisez un album ?

Pour l’album il faut d’abord une idée. Il faut s’accrocher à cette idée. Vous savez une idée ça se construit à partir de petits morceaux… On ne fait pas un dessin avec une idée. C’est un peu comme pour un slalom : vous mettez un piquet dans la neige quelque part et on passera à gauche ou à droite. Puis on se dit « tiens, je vais en mettre un autre là » parce qu’on a une idée, puis une autre idée vient, mais on ne peut pas la mettre plus haute que le premier piquet, ni plus bas que le deuxième… Petit à petit, au bout d’un certain nombre d’espaces assez proches, c’est beaucoup plus facile de remplir les trous, de slalomer. De toute façon, il n’y a rien n’a faire, il y a, d’une certaine manière, un passage obligé, qui n’exclut pas l’originalité. Un scénario c’est comme ça. Un scénario se construit en quelques jours, ça peut aller très vite. Je construis mes scénarios en une quinzaine de jours. Après ça, je n’ai pas encore la totalité de l’histoire, mais je dessine les premières planches. Parce que dès que j’ai un visuel ça m’aide à continuer le scénario. Je vois des personnages qui existent, qui sont là, et tout à coup, j’ai l’impression de voir un cinéma, de revoir un film, de voir un film que j’ai déjà vu. Ça m’aide à progresser. Je ne peux pas raconter la totalité d’un récit par le texte, j’ai besoin des images. Par exemple, mon fils10 travaille pour moi, et dès que j’ai une dizaine de pages du scénario, je dessine les premières, et là déjà, je ne galope pas encore, mais je suis sur le cheval. Je ne dis pas que c’est comme ça qu’il faut procéder, c’est ma façon de fonctionner. Je ne suis jamais allé dans une école de construction de scénarios, j’ai appris ça en travaillant pendant de nombreuses années avec Greg, j’ai vu le processus de construction. Quand vous travaillez avec quelqu’un, même si vous ne faites pas exprès, vous en tirez un enseignement, vous sentez les choses, vous devinez. Greg m’a inconsciemment enseigné comment constituer un scénario. Mais ça ne suffisait pas, parce qu’il fallait que j’y introduise ma personnalité, pour ça il faut en avoir… Si on n’a pas de personnalité tant pis ! C’est peine perdue !

Toujours dans le cadre de la construction de vos albums, lorsque vous dessinez une planche, ou une case, y a-t-il un instant clef où vous vous dites « c’est bon, j’ai ce que je veux, j’ai la bonne planche je peux passer à la suivante » ?

Non, il n’y a pas « la bonne planche », il y a dans la planche, des cases qui sont beaucoup plus efficaces. Tout le monde a un don. Il y a des moments où vous êtes plus doué qu’à d’autres : « ce sportif, il y a des jours où il est sans et des jours où il explose ». Ça, il n’y a aucun d’expliquer pourquoi. Il se passe quelque chose qu’on ne peut pas expliquer. C’est pour ça qu’on ne peut pas dire qu’une planche est bonne, c’est un dessin, au sein de la planche qui sera bon. J’aurai pris la bonne courbe, ça nourrira le climat de la planche, je serai parti dans la bonne direction. Mais ça ne m’aide pas pour la suite, non. Il faut de nouveau tout ressentir, chaque planche est différente, c’est comme grimper une côte à vélo…

À un niveau plus général, pensez-vous qu’une bande dessinée est difficile à lire ?

Non… Si elle est difficile à lire, c’est qu’elle n’a pas été conçue de manière claire, elle est illisible. C’est comme pour un texte. Un texte peut être confus, pour le comprendre il faut parfois le lire plusieurs fois, tandis que certains vont directement droit au but : ils campent les choses, les personnages et tout cela coule de source. Tout ça dépend de la qualité de la narration, il y a des gens qui sont meilleurs dans la narration que d’autres… C’est un métier complexe, c’est difficile de l’expliquer en quelques mots… Je peux le faire en expliquant qu’il faut réussir à faire passer auprès du lecteur des sensations qu’on a, ça doit être clair au niveau du dessin et du texte. Le texte ne fait jamais que compléter ce que le graphisme ne peut pas donner. Si le graphisme donne quelque chose au lecteur, ce n’est pas la peine de faire un doublon, il faut éviter la redondance. Après, on peut se demander pourquoi certaines personnes sont plus douées que d’autres, mais c’est comme ça, il n’y a pas de secret, pas d’analyse… Il y a des imbéciles et des gens intelligents.

Parfois, des imbéciles réussissent à vendre quand même…

Oui, il y a des imbéciles qui arrivent quand même à capter un certain public, c’est exact. En général, ils captent un public qui n’est pas très intelligent non plus. Et ce n’est pas ça qui manque !

Toujours de manière générale, que pensez-vous de la place de la bande dessinée en France ?

Elle est assez importante. Mais comme sur tous les pays de langue française. C’est là où elle est la plus présente et souvent, la plus intéressante. Il y a des lecteurs en Italie, des lecteurs en Allemagne, mais je trouve que le lecteur francophone en règle générale, est plus pointu, il est lié à une bande dessinée qui dit quelque chose. Les autres pays sont plus « bande dessinée adolescente », plus simples dans leur narration. J’ai remarqué ça, je voyage dans beaucoup de pays et ce n’est pas le cas de tout le monde, mais l’école de langue française est plus pointue.

2014_02_01 - Hermann Huppen n°2

Connaissez-vous des publications numériques ? Si oui, lesquelles ?

Ah non, je ne connais pas. Compte tenu de mon âge et de mon agacement vers un développement trop poussé de l’électronique, à un moment donné, je peux ouvrir ma boîte mail, répondre, consulter des sites, mais pour le reste je n’ai pas envie. Ce sont des questions de disponibilité. Je suis un peu conservateur parce que j’ai la nostalgie de ce que je faisais quand j’avais 40-50 ans, et à un moment donné, les prouesses électroniques… Une planche réalisée sur ordinateur peut être magnifique, je ne suis pas contre, mais essayez d’exposer les planches d’une bande dessinée électronique ! Ce n’est pas du papier ! Vous pouvez le reproduire sur du beau papier, mais ce n’est pas une vraie planche. Les véritables amateurs veulent toucher une planche qui a été mise en couleur ! Rien que pour ça, j’estime que si des collectionneurs veulent faire l’acquisition de certaines planches, ils ont le droit de s’en approcher, de les voir, ce n’est pas de la blague, ce n’est pas électronique. L’électronique je n’aime pas trop, je n’aime pas la musique électronique, je n’aime pas la guitare électrique, je la trouve vulgaire, je n’aime pas.

Vous savez, certaines publications numériques permettent d’ajouter quelque chose au média, comme de l’animation, du son, et caetera.

Je suis désolé, face à ça, je me pose un peu comme, un réfractaire, il y a un peu de ça. Parce que je ne suis plus disposé à le faire. Vous êtes tout jeune, mais vous savez, avec les années on n’est moins disposé à faire des efforts. On peut faire des efforts, mais dans le cadre de ce qui nous est familier. Partir vers de nouvelles routes, de nouveaux sentiers…

Mais par exemple, si quelqu’un peut le faire pour vous ? Si un programmeur peut mettre en page vos dessins au format numérique ?

Oui, mais il y a l’élément créatif, il ne peut pas me remplacer. C’est un peu comme demander à un chanteur d’en remplacer un autre parce qu’il peut chanter aussi, parce qu’il connaît. Ce ne sera pas la voix du premier chanteur. On ne peut pas confier ça à quelqu’un d’autre.

Merci beaucoup.

Vous savez, chaque fois, je m’approche de ma table avec une certaine crainte de ne pas être à la hauteur de ce que j’étais avant. C’est la crainte de ne pas pouvoir faire un peu mieux. Ça aussi c’est très important. Il faut réussir à trouver les moyens d’améliorer ce que l’on faisait. Et c’est jouissif. C’est un peu comme le saut à la perche : si le sportif arrive un peu à augmenter la hauteur de son saut, il a gagné sa journée ! Il n’est pas question d’aller très haut, mais juste frôler, réussir à passer alors que quelques jours avant on n’y arrivait pas, ça n’a pas de prix.

Mais le perchiste a un indicateur objectif, il saura directement s’il a franchi la barre ou pas…

Oui d’accord… Moi, mon œil me dit que je suis arrivé à faire mieux, que j’ai réalisé une amélioration anatomique d’une position, ou même d’une main mieux dessinée. Parce que, je ne crois pas que vous soyez dessinateur, mais sachez que rien que la position des mains parle. Par exemple, il y a des gens qui ont de bêtes mains au bout de bêtes bras, et qui marchent comme des singes, sans articulations. Si vous voulez montrer qu’un type est un con, il faudra utiliser cette posture de gorille, les bras ballants en dessin, parce que cette démarche participe à sa bêtise. Si vous lui mettez des mains intelligentes, ça ne collera pas avec ce qu’il dit. La gestuelle doit être montrée. Un dos, dans certaines circonstances de la personnalité du personnage à qui il appartient. Il faut réussir à l’exprimer.

Vous dites que l’anatomie est au centre de votre dessin ?

Non, il n’y a rien qui est au centre. Il y a des gens qui disent « j’ai bien dessiné mon personnage, je vais bâcler le décor », non ! Le fait de bâcler ce qui est derrière diminue l’efficacité du personnage, dans sa justesse. En même temps, le décor participe, rien n’est innocent. Et ça peut être fatigant, parce que parfois on n’arrive pas à trouver le décor qui convient. C’est parfois presque plus difficile que de dessiner les personnages. Il n’y a rien d’innocent. Voyez-vous, dans le monde du dessin, il y a même quelque chose qui nous échappe… Parfois, j’arrive à faire un dessin, on devine son contenu philosophique, psychologique, et on va plus loin que ce que j’étais capable de ressentir, que ce que je voulais y mettre. Je suis incapable de mettre le doigt sur la chose, sur l’endroit où j’ai mis tout ça. Prenez la Joconde de Leonard De Vinci par exemple. Ce n’est pas le tableau que je préfère, mais elle a un sourire énigmatique. Si vous aviez demandé à Leonard De Vinci de refaire la même avec le même sourire, il n’en aurait pas été capable. Ça tient du miracle ! Il y a dans cette peinture quelque chose d’énigmatique, il ne suffit pas de recopier exactement, ou se trouve le mystère ? Je ne sais pas. Et c’est valable en musique. Certains musiciens parviennent, à un moment donné, à dépasser leurs capacités professionnelles, il y a tout à coup un ange qui passe, ils essayeront de le répéter, mais ça ne va pas fatalement marcher… Ça peut marcher, mais pas parce qu’ils l’ont décidé, ce sera de nouveau le moment miraculeux.

Pour revenir un peu sur nos propos de tout à l’heure, parfois votre œil vous dit-il que vous avez progressé ?

Parfois oui, je vois que j’ai mieux réussi, et parfois mon œil me dit « bon, ça va, tu es dans la moyenne de ce que tu fais, mais tu n’es pas parvenu à faire mieux ! » Ce n’est pas la peine de recommencer à nouveau, je sais que si je m’obstine, je risque au contraire de faire des erreurs. Donc je dis « bon, aujourd’hui je n’ai pas été capable d’aller plus haut » et ce il ne faut pas remettre ça le lendemain parce que bon, si je m’attaque à un problème ce ne sera jamais fini. À un moment donné vous savez, c’est peine perdue, même le meilleur dessinateur fait des cases où ce n’est pas très bon… C’est normal, nous ne sommes que des êtres humains, avec des moments, je n’ai pas dit faiblesse, mais des moments on on pli un peu les genoux… Ça ne fait rien ! Il n’y a pas d’artiste au monde qui n’ait pas fait de chose qui ne marche pas bien, qui n’ait pas bien composé… Ça rend humain. Sinon c’est impossible.



1 La première histoire d’Hermann est parue dans le journal scout Plein Feu en 1964, Histoire en Able avec un scénario de Philippe Vandooren.

2 Michel Greg, dit Greg (1931 – 1999), est un dessinateur et scénariste franco-belge (surtout connu pour son travail dans Achile Talon et ses reprises de Zig et Puce, Modeste et Pompon et Spirou et Fantasio).

3 Le studio Greg était un lieu de travail et d’échange entre auteurs de bandes dessinées, une espèce de collectif d’auteurs. Michel Greg louait les lieux et fournissait des scénarios à bon nombre de dessinateurs, tels que Robert Pire, Dupa (Luc Dupanloup), Dany (Daniel Henrotin), Hermann…

4 Bernard Prince est une série de bandes dessinées créée par Greg et Hermann. Parue à partir de 1966 dans le Journal de Tintin, elle raconte les aventures d’un agent d’Interpol qui parcourt le monde accompagné de ses fidèles amis Barney Jordan ey Djinn.

5 Comanche est une série de bandes dessinées créée par Greg et Hermann. Parue à partir de 1969 dans le Journal de Tintin, elle raconte les aventures d’une jeune propriétaire terrienne et de ses fidèles amis Ten Gallons et Red Dust.

6 Jugurtha est une série de bandes dessinées créée par Laymilie (Jean-Luc Vernal) et Hermann en 1975. L’histoire commence sous l’Empire romain, lorsque le prince héritier Jugurtha entre en conflit avec ses cousins pour la succession au trône.

7 Jeremiah est une série de bandes dessinées créée par Hermann en 1979. Elle raconte l’histoire de Jeremiah et son ami Kurdy Malloy arpentant des États-Unis post-apocalyptiques.

8 Les Tours du Bois-Maury est une série de bandes dessinées créée en 1984 par Hermann. Elle raconte l’histoire d’un chevalier sans terre, Aymare Bois-Maury, et de son écuyer Olivier, parcourant le monde chrétien.

9 Avant d’avoir lieu définitivement à Angoulême, la première édition du salon national de la bande dessinée s’est déroulée à Toulouse en 1973. L’année précédente, Francis Groux, un conseiller municipal de la ville d’Angoulême avait organisé une exposition appelée Dix millions d’images, l’âge d’or de la BD. À l’occasion de la quinzaine de la littérature, organisée par le maire adjoint, Jean Mardikian, l’année d’après (1973), l’expérience est renouvelée : on y invite des auteurs de bandes dessinées, dont Herman.

10 Yves H. (Yves Huppen), les fils d’Hermann, travaille avec lui depuis le tome 12 des Tours du Bois-Maury. À l’occasion du 41ème F.I.B.D., ils présentaient leur dernier one-shot Station 16.

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