Vendredi 19 août paraît Le sixième dalaï-lama aux Éditions Fei. Tout y est neuf et chinois : au dessin, Zhao Ze et au scénario, Guo Qiang. Cette bande dessinée jeunesse est assez convaincante pour bénéficier d’une lecture hebdomadaire, c’est également le premier ouvrage qu’un service de presse m‘envoie. Il est important de le préciser pour clarifier et confirmer la position du site : je lis ou relis au moins une bande dessinée par semaine et j'écris quelque chose à la seule condition que l'œuvre me plaise, je suis bon public, mais je ne suis pas à vendre. Après ce petit éclaircissement1 sont à souligner les caractéristiques ambitieuses et pédagogiques que comporte Le sixième dalaï-lama. Zhao Ze et Guo Qiang se sont embarqués dans la vulgarisation d’une aventure disproportionnée de part ses dimensions historiques et politiques.
Comme ce sont de jeunes auteurs, les références de Guo Qiang et Zhao Ze sont très difficiles à trouver en ligne, d’autant plus qu’ils sont Chinois. Il faut donc se contenter de ce que présentent les Éditions Fei.
⊗ Guo Qiang, la scénariste, serait donc rédactrice pour le magazine électronique “Dong Man Ke” et fraichement diplômée de l’Université de la médecine chinoise de Pékin.
⊗ Zhao Ze, quant à lui, un jeune dessinateur, serait l’auteur de la bande dessinée Les paroles du chasseur de serpents, et étudiant à l’Université Normale Supérieure de la province du An Hui.
Le sixième dalaï-lama se déroule à la fin du XVIIe siècle dans le sud du Tibet. Le jeune Lobsang Rinchen, un simple paysan, vit paisiblement. Même s’il dispose d’une étrange faculté lui permettant de converser avec les animaux, Lobsang n’a rien d’un être hors du commun. Il travaille aux champs pour aider ses parents et se plie aux rituels tibétains. Le seul risque qu’il prend au court du récit est de s’amouracher de la jeune Makye Ame, la fille du chef du village. Triangle amoureux oblige, la suivante de Makye Ame, Dedimentok, tombe sous le charme de Lobsang. En trame de fond, l’empereur de Chine de l’époque, Kangxi, envoie le Depa Sangyé Gyatso chercher la nouvelle incarnation du dalaï-lama pour assurer l’équilibre politique du Tibet et de la Chine, faisant face aux ambitions du Khan Lkhazan, chef des Mongols.
L’objectif est de raconter l’histoire de Tsangyang Gyatso, 6e dalaï-lama du Tibet, n’ayant jamais voulu suivre la voie des moines. Pour adapter l’épopée à un jeune public, de nombreux raccourcis sont empruntés, ce qui n’empêche pas le récit d’être très bien ficelé. D’autres éléments historiques importants sont tout de même respectés : par exemple, la mort du 5e dalaï-lama qui est bel et bien cachée à l’empereur de Chine pendant près de quinze ans.
La narration est simple, mais efficace, fluide et adaptée au public visé. Le nœud principal, composé par le trio amoureux Lobsang-Makye-Dedimentok est complexifié par l’arrivée du Dépa Sangye Gyatso moteur de la trame de fond aux dimensions politiques plus importantes, ce qui forme un tout qui semble très prometteur.
Les dessins pastels utilisés pour Le sixième dalaï-lama apportent toute la poésie nécessaire à l’histoire. Le style, qu’il est possible d’associer à celui de la couleur directe, octroie une profondeur certaine aux décors et aux personnages. Les paysages sont beaux, féériques et colorés. Les personnages sont vivants, touchants et presque animés. Le découpage est épuré, avec un gaufrier construit autour de quatre cases horizontales, permettant parfois à celles-ci de prendre tout l’espace des planches. La liberté du trait permet de passer du plan d’ensemble au plan rapproché, de l’ellipse au flash-back…
Zhao Ze, Guo Qiang et les Éditions Fei ont très bien travaillé sur cet album. Il est le premier volume d’une série, en trois tomes, qui paraît assez attrayante. Ce tome 1 sort donc demain en librairie, il est aussi accompagné d’une exposition qui aura lieu à la galerie Fei du 3 novembre au 6 décembre prochain : bon plan pour obtenir une dédicace !
Le sixième dalaï-lama © 2016, Édtions Fei, Guo Qiang et Zhao Ze
27,5×19,3 – 112 pages – Cartonné relié – Quadrichromie
19€
1 Pour faire un autre éclaircissement : si d’éventuels éditeurs souhaiteraient me faire parvenir un ouvrage à paraître, ils sont tout à fait les bienvenus.
Trois articles de référence :
– LE SIXIÈME DALAÏ-LAMA T1, de Faustine Lillaz pour planetebd.com,
– Avis de Xirong : « Grue blanche prête moi tes ailes » (sixième dalaï-lama), de Xirong pour gregoiredetours.fr,
– Sixième dalaï-lama (le), de Sylvie pour fleurdesakuramanga.fr.