Révélée lors du 43ème FIBD d’Angoulême, en 2016, l’aventure Infinity 8 a été annoncée par les éditions Rue de Sèvres. Pour son récit de science-fiction basé sur le principe de boucle temporelle, Lewis Trondheim réunit une fois de plus, un grand nombre de collaborateurs/amis pour prendre part à la création d’une bande dessinée iconoclaste du paysage franco-belge.
Lewis Trondheim n’est plus à présenter, après Les petits rien (2006, Shampooing), Lapinot et les carottes de Patagonie (1992, L’Association), La Mouche (1995, Seuil), ou encore Coquelicots d’Irak (2016, L’Association), il s’est imposé en maître depuis longtemps. C’est quelque chose qui deviendrait presque agaçant, puisqu’il réalise ce space opéra avec des pointures de la bande dessinée qui n’ont pas à envier son palmarès (ils baroudent tous dans la bande dessinée depuis près de 30 ans) :
Dominique Bertail manie une ligne claire actuelle et magistrale, allant de L’Enfer des Pelgram (1998, Delcourt) jusqu’à Ghost Money (2008, Dargaud) avec Thierry Smolderen au scénario.
Zep… Sans doute l’auteur complet le plus connu de sa génération, avec Titeuf (1994, Glénat), Captain Biceps (2004, Glénat) et toute la série Happy (2009, Delcourt), pour faire très court !
Olivier Vatine, doyen de l’équipe et spécialiste de science-fiction, dessine et écrit des récits spectaculaires comme Aquablue (1988, Delcourt), Star Wars (1995, Dark Horse), Cixi de Troy (2009, Soleil Productions), ou Niourk (2012, Ankama).
Il faut savoir que le défilé des auteurs ne s’arrête pas là puisqu’après les deux premiers arcs narratifs d’autres dessinateurs et scénaristes entrent en scène : Fabien Vehlmann, Olivier Balez, Kris, Martin Trystam, Davy Mourier et Lorenzo De Felici.
En effet, deux premiers arcs narratifs ont été publiés en 6 numéros au format comics, entre octobre 2016 et janvier 2017, puis réédités sous forme d’albums en 2017 (un album par arc).
L’histoire est simple et efficace puisqu’elle repose à chaque fois sur le concept de boucle temporelle : le vaisseau Infinity 8, où cohabitent 257 races, se retrouve bloqué par une nécropole spatiale, composée d’un amas de débris de tombes, caveaux, stèles et autres sépultures. Pour résoudre ce problème, le capitaine du vaisseau (un genre de pieuvre galactique géante) dispose de 8 essais de 8h pour explorer la trame temporelle. Les six premières histoires contiennent les deux premiers arcs narratifs, les deux premières tentatives de sauvetage de l’Infinity 8.
Premier arc narratif, première tentative de sauvetage de l’Infinity 8 (Bertail, Trondheim et Zep) |
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Second arc narratif, seconde tentative de sauvetage de l’Infinity 8 (Vatine et Trondheim) |
Au cours du premier arc, l’agent Yoko Kersen a pour mission d’arrêter les Kornaliens, une espèce extra-terrestre nécrophage, prête à faire sombrer le vaisseau pour s’offrir un festin dans la nécropole spatiale.
Dans le second arc, l’agent Moonkicker doit faire face à un neonazisme galactique naissant ainsi qu’au retour d’Hitler en personne… De quoi glacer le sang de pas mal d’espèces de la Voie Lactée !
Au-delà de la drôlitude ambiante et globale du récit, le dessin de Dominique Bertail est juste incroyable. C’est limpide sans être lisse, gracieux sans être pompeux. Les personnages sont assez réalistes pour donner envie à n’importe qui de rejoindre l’héroïne pulpeuse des auteurs du premier arc.
Le trait d’Olivier Vatine, apporte la fraicheur nécessaire au démarrage du second arc. Un peu plus léger, un peu plus « teenager » – comme le récit – mais c’est toujours aussi bon !
Alors, allez-y gaiement et sans retenue ! Si vous trouvez les six premiers tomes d’occaz’ au format comics, prenez-les sans réfléchir ! Dommage que toute la série n’ait pas bénéficié de ce type de publication… Malgré tout, j’attends avec impatience de lire les trois derniers volumes pour connaître le sort de l’Infinity 8 ! Ça défonce, c’est « pulp et pop avec des bagarres » !
Infinity 8, tomes 1 à 6 © 2016, Rue de Sèvres, Lewis Trondheim
24,8×16,7 (format comics) – 30 pages – Quadrichromie
3€50
Trois articles de référence :
– Infinity 8, de Jacques Viel, sur unamourdebd.fr,
– Infinity 8, Romance et macchabées, de J. Milette sur bdgest.com,
– « Infinity 8 » science-fiction, pulp, de Quentin Girard pour liberation.fr.