Introduction de l’introduction
Certaines époques sont, ont été et seront particulièrement (trans)formatrices : on peut se rappeler de la découverte de l’écriture entre 8 000 et 3 000 ans avant Jesus Christ, permettant une grande évolution de l’espèce humaine ; ou plus simplement du XV° siècle, avec l’apparition de la perspective qui fit (à elle seule !) entrer l’Europe dans la Renaissance ; on peut aussi imaginer le XXV° siècle, avec la découverte du moteur antigravitationnel qui permettra la conquête du système solaire et de l’univers tout entier… Le problème ici, c’est que nous sommes au XXI° siècle en pleine « guerre mondiale financialo-libéraliste » qui implique un chômage en augmentation permanente, la privatisation des universités et la dématérialisation des médias, pour ne citer que les aspects qui me concernent… (on reste optimiste quand-même !)
Bon, le chômage est un problème global insolvable, qui peut toucher tout le monde, de tout milieu ou classe sociale. Si on y ajoute l’individualisme ancré dans les normes et la culture réseauïdale de piston, trouver un job dans un certain milieu apparaît problématique. Alors lorsque la moindre solution apparaît on s’engouffre dedans le plus vite possible ! Tout en sachant que les solutions sont vraiment rares… C’est ici que la privatisation des universités devient très problématique pour moi, parce que je pensais avoir trouvé une solution ! En cherchant à m’y engouffrer, je me suis rendu compte que nous ne sommes plus dans les années 70, et que l’université s’écroule, enfin les sciences humaines et sociales surtout, parce que ça ne rapporte rien (mises à part les sciences économiques, les statistiques, et j’en oublis…), donc les financements de thèse se font rares ! Sauf, si on est excellent, sauf si on copine, et sauf si on est riche et qu’on peut mettre dix ans à faire sa thèse ! La difficulté d’obtenir un financement s’accentue encore plus si le sujet des recherches (le mien en l’occurrence) n’intéresse pas du tout les universitaires… C’est ici que je vais boucler la boucle : parce qu’un sujet qui n’intéresse pas les universitaires c’est une chose, mais lorsque ce sujet est déjà un grand créateur de chômeurs et d’hommes aux rêves brisés, c’en est une autre…
Si vous ne l’avez pas encore deviné, ce média est la bande dessinée ! Prolifique, porteuse d’espoirs les plus fous, inspirant les mondes du cinema, de la musique, de la littérature : elle reste quelque peu marginalisée ; par les universitaires, je l’ai écris plus haut, mais aussi dans les écoles, les collèges et les lycées alors qu’elle est un outil pédagogique primordial. Et comme elle est mise à la marge par les institutions, la bande dessinée entre actuellement dans un autre média sauvage et en pleine expansion lui aussi : le numérique, parce qu’il s’ouvre à elle. C’est un phénomène vite observable, même vis-à-vis de la diffusion des quelques thèses et mémoires portant sur le 9ème art.
Par numérique, j’entends internet et tout ce qui contribue à ce que je nommais plus haut la dématérialisation des médias. On parle actuellement de dématérialisation de l’ouvrage papier et on s’indigne que le réseau s’accapare les oeuvres, alors que certains auteurs de bandes dessinées s’appliquent à concevoir intégralement leurs albums, de la première à la quatrième de couverture. Ce que l’on pourrait également nommer la “cloudisation” des oeuvres, la vaporisation des bandes dessinées dans la toile d’internet, n’est donc pas à ce point dangereux… Cependant, c’est la marque effective d’un monde, qualifié très fréquemment, et durant une longue période, d’”underground”, qui traduit littéralement n’est autre que “sous le sol” ! Un monde souterrain ! La littérature en estampes de Töpffer trouvait sa place sous la littérature, puis, elle obtient le statut d’art après (sous) le cinema et elle se développe de plus en plus malgré son caractère sous-médiatique en utilisant internet (en se situant sous internet ?).
Alors, si notre époque doit être celle du totalitarisme numérique, contribuons à la propagande ! Si la bande dessinée ne peut pas trouver sa place dans l’institution, qu’elle la trouve ailleurs ! Ou qu’elle n’en trouve pas ! S’il n’y a pas de réelle solution c’est qu’il n’y a pas de réel problème ! C’est pour toutes ces raisons que j’ai décidé de distiller, petit à petit, ce que j’ai écrit pour l’E.H.E.S.S. durant ma deuxième année de master. Je commencerai par l’introduction de mon mémoire (qui entier, fait plus de 160 pages, et oui tout ça !), en la modifiant, évidemment, pour en faire un espace général de description, de définition, de débat, à propos de ce qu’est la bande dessinée : c’est ce que j’appellerai le Prés en Bulles.
La suite, et le début du Prés en Bulles au prochain post…